Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

jeudi 20 décembre 2012

Assises pour l'écosocialisme (2)


« Nous ne nous laisserons pas dicter une vision du monde qui n’est pas la nôtre », a asséné Jean-Marc Ayrault, notre premier ministre. Jean-Marc Ayrault, tu ne le sais peut-être pas, est cet ancien maire  de Saint-Herblain dont une vidéo nous montre encore aujourd'hui qu'il prônait l'autogestion en 1978. Au moins devant la caméra. 
La quartier Vauban à Fribourg est devenu pour les urbanistes de toute la planète La Mecque de l'urbanisme, le lieu qu'il faut avoir visité et étudié. C'est le modèle dont on cherche à comprendre le fonctionnement. C'est le modèle dont on s'inspire. C'est le modèle que l'on montre à ses étudiants en architecture ou en urbanisme. C'est le modèle que l'on souhaite parvenir à reproduire chez soi pour en faire « une ville où l'on aimerait habiter ». 
Vauban, caserne de Fribourg évacuée par l'armée française à la suite de la chute du mur de Berlin, a été occupée avec le quartier environnant (on va quand même pas se priver), par une bande de squatters dotés de cerveaux en bon état de marche. Des zadistes avant la lettre...
Maintenant je cite Nicolas Soulier, prof d'urbanisme, qui a publié Reconquérir les rues aux éditions Ulmer. Et je remercie chaleureusement l'amie CorOllule dont le blogue m'a conseillé cette lecture passionnante.
« Au départ ils [les squatters] ont donc été des trouble-fête. Ils ont dérangé les plans de la municipalité et des investisseurs, et bousculé les manières de faire. Ils ont squatté les lieux, revendiqué de les transformer eux-mêmes pour les habiter, et comme Fifi Brindacier "faire le monde comme il leur plaît". À l'arrivée le nouveau quartier est un succès revendiqué par l'équipe  municipale, et cela à juste titre : cette dernière a su accueillir et faire fructifier ces initiatives intempestives et non souhaitées, et ainsi redonner des ailes aux processus qui peuvent produire un habitat vivant [...]
Ces résistances et ces initiatives, les autorités à Fribourg ont su les accueillir et non pas les refouler ou les réprimer. Cela a permis de faire évoluer les mentalités, d'inventer de nouvelles manières de faire, et a rendu possible ce qui paraissait impossible. »
Lors des Assises pour l'écosocialisme, Jacques Testard s'est fait l'avocat pugnace de l'autogestion même si, comme Nicolas Soulier, je ne suis pas certain qu'il ait utilisé le mot une seule fois. 
Jacques Testard a plaidé pour un retour des citoyens dans les processus de décision. Il a dit que bien des gens n'écoutaient plus et ne voyaient plus dès qu'ils étaient élus. Comme s'ils devenaient brutalement omnicompétents, omniscients des suites de leur élection... 
Jacques Testard ne pensait peut-être pas à Jean-Marc Ayrault et aux zadistes. Vauban à Fribourg est devenu un exemple pour la planète des urbanistes. Notre premier ministre saura-t-il faire de Notre-Dame des Landes un exemple pour la planète en accueillant et en confortant les initiatives des zadistes au lieu de « les refouler ou les réprimer », ceci afin de leur permettre de « faire le monde comme il leur plaît  » 
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Comme un arbre dans la ville, Maxime Le Forestier, 1973. « Ami, fais après ma mort / Barricade de mon corps / Et du feu de mes brindilles. »




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