Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

samedi 23 mars 2013

Résistance, oui, mais résistance active

Hervé rame. Entre petits boulots, CDD et emplois à temps partiels. Vendanges. Mise des professions de foi et bulletins sous enveloppe à la préfecture lors des élections. Cueillette des pommes. Manœuvre dans le bâtiment. Terrassier dans une entreprise de parcs et jardins. Réceptionniste dans un hôtel. Rame depuis longtemps déjà. A ramé. A beaucoup ramé. S'impatiente d'arriver parce qu'il a beaucoup ramé. (L'original est de Ramuz, musique de Stravinski.) Colleur d'affiches pour riche parti dépourvu de militants. Poseur de moquette. Peintre en bâtiment. Balayeur. Éboueur remplaçant. Cuisinier de colonie de vacances. Vigile. Et j'en oublie. Le RMI dans les périodes maigres. Hervé a obtenu son premier emploi en CDI à l'âge de trente-huit ans. Un temps partiel bien sûr. 
Hélène s'est lassée de postuler à des boulots où elle terminait toujours en deuxième position quand ça se passait bien. « Ça finit par te miner le moral. » Musicienne amateur elle a fini par faire de l'étude de son instrument son unique activité. Quelques poignées de personnes profitent de ses concerts. Pour le reste elle a le geste évasif du fatalisme devant une adversité trop forte pour ses petits bras.
Je pourrais te causer de Christiane en rage contre une conseillère de Pôle-Emploi, d'un arrêt-maladie désastreux, — l'arrêt, pas la maladie — , des fils de Térésa, ouvriers qualifiés qui bossent — en pointillés — pour des queues de cerises,  d'une grand-mère merchandiseuse exténuée, ou d’une myriade d’autres spécialistes très expérimentés dans le domaine du chômage. Tu n’as qu’à lire ce blogue depuis ses débuts. 
La vie de mes proches n’est pas un minuscule enfer perdu au milieu de vastes prairies gazouillantes si j’en crois Popol Emploi qui ne compte plus le chômedu sur ses doigts depuis que ma grand-mère a mis fin à sa carrière de meneuse de revue à l'Alcazar. Tout le monde — té, même les professionnels de la politique, c’est dire ! — s’accorde pour dire que y’a un peu beaucoup de chômage. 
Alors ça m’a fait un deuxième trou au cul d’apprendre que l’association Apnée ne compte que quarante-deux adhérents. Quarante-deux. Moins qu'un comité des fêtes de quartier ! Apnée, c'est l'association qui a monté le site Actuchômage, le  site de référence sur la situation de cinq millions de personnes. Ça m’a fait un deuxième trou au cul d'apprendre qu'Actuchômage, avec kèk chose comme un demi-million de pages vues chaque mois, crie famine et envisage même de cesser son activité ! Cette poignée de militants n'en peut plus du manque d'argent, du manque de militants, du manque de reconnaissance sociale, de l'impression d'agir dans le vide. 
On comprend le découragement des gens d'Actuchômage devant la passivité et le silence ambiants. Tu fais comme moi. Tu vas sur le site actuchômage et tu lis ici et là. Tu verses ta contribution selon tes moyens. Tu fais comme moi. Tu racontes ce que tu as fait autour de toi, par oral ou par écrit, sur touiteur ou fessebouc, au bistrot ou au boulot, au téléphone ou chez tes potes, au congrès du PG ou chez toi, pour que d'autres aussi retroussent leurs manches et sortent la carte bancaire. 
Au congrès du PG, pendant que je t'écris ces lignes, la salle scande Résistance ! Eh bien chiche ! Allons-y, camarades, passons à la résistance active.







1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Résistance active ?...
    Imaginons qu'il s'agisse de poser la question cruciale de la souveraineté populaire...
    Sur ce point précis, un élément essentiel du Conseil National de la Résistance
    (dont nous allons fêter, cette année, le soixante-dixième anniversaire)
    est resté scandaleusement masqué.
    Vous pourrez le retrouver sur :
    http://souverainement.canalblog.com
    N’hésitez pas à prendre contact directement avec moi (04.75.02.96.41)
    Très cordialement,
    Michel J. Cuny

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