Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mercredi 11 mars 2015

Ils ne savent pas ce qu'ils vont manger ce jour


« Sur 50 000 consultations on a 98% de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Dans nos cohortes de patients c’est près de 12% de mineurs qui viennent nous voir alors que théoriquement ils devraient avoir un accès inconditionnel aux soins dans le dispositif de droit commun. […]

Une grande majorité de personnes que l’on voit aux centres de santé sont en insécurité alimentaire. C’est à dire qu’ils ne savent pas forcément ce qu’ils vont manger le jour même, qu’ils n’ont pas forcément une alimentation équilibrée et ça frappe aussi les enfants. Un tiers des personnes n’ont pas de logement stable. On est face à une précarité qui est extrême. […]

Il y a très peu d’abus. La grande majorité des gens que nous, nous voyons au quotidien et Médecins du monde c’est plus de 50 000 consultations, donc c’est assez significatif. Les personnes, qu’elles soient françaises ou non, vivent dans des logiques de survie, essaient de trouver un job, essaient de scolariser leurs gamins, essaient de les faire bouffer normalement et elles ont autre chose à penser que de truander la Sécurité sociale à longueur de journée. 

De fait lorsqu’on voit qu’on a 40% de retard de recours aux soins dans nos populations ultra-précaires et que d’autres enquêtes qui montrent que c’est 30% de Français précaires qui retardent leur soins pour des soins dentaires, pour des soins ophtalmos mais de plus en plus pour des soins courants. Continuer à dire que les précaires sont des parasites qui abusent, c’est tout simplement insupportable. 

Je le redis, la situation est grave, et on n’a pas l’impression que les autorités aient pris la mesure de ce qui se passe concrètement sur le terrain. On a pour l’instant des mesurettes plus que des véritables politiques objectives de lutte contre l’inégalité. » 

Celui qui cause, c’est le docteur Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du Monde. Tu liras et écouteras in extenso le toubib sur le site Actuchomage. Ça dure 6 minutes 48.

Et en l'écoutant tu penseras à la gauche. Ta gauche à toi parle-t-elle chaque jour ou presque de ce désastre ? Est-ce l’un de ses trois-quatre thèmes les plus importants ? Que fait ta gauche à toi face à cette catastrophe ? Ta gauche à toi cite-t-elle Jacques Prévert qui écrivait pour le groupe Octobre : « Il est terrible le petit bruit de l’œuf dur sur le comptoir d’étain. Il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim. » Ta gauche à toi se réfère-t-elle à Panaït Istrati, — écrivain prolo dont toute l’œuvre dépeint le petit peuple — qui a écrit les affres de sa mort à petit feu d’une tuberculose pas soignée faute de moyens ? 

Environ dix millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Paraphrasons le docteur Corty : La situation est grave et on n’a pas l’impression que la gauche ait pris la mesure de ce qui se passe. 

Aujourd’hui chouette soleil printanier. Les allocataires de mon Resto du cœur attendent sur le trottoir de l’autre côté de la rue pour profiter du soleil. Mais pourquoi diable les gueux voteraient-ils pour des cravates rouges plutôt que pour des cravates rosâtres ou bleues ? 
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Âme debout, Catherine Ribeiro + Alpes. « Âme debout / Qui se rend résignée chaque jour à l’usine / Aie pitié de toi. » 

2 commentaires:

  1. Toutes les générations sont concernées, et d'ailleurs on nous a préparé de futurs retraités pauvres... Jamais vu à la télé!

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    1. Mais tu sais bien qu'on ne peut pas faire autrement. Il n'y a pas d'alternative. Et on ne comprend pas pourquoi certains en viennent à voter fafa puisqu'on te dit qu'on ne pas pas faire autrement.

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