Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mercredi 5 août 2015

Radio Partageux/7

Manu Lann Huel a publié en 1998 Île-elle, un magnifique album consacré aux îles du Finistère. Je te l’ai déjà écrit ici en t'offrant une autre chanson mais tu oublies si vite... Alors je repasse une couche à l’occasion de la radio de l’été des blogueurs

Prends le temps d’écouter Manu Lann Huel. Pas seulement la musique mais aussi la musique de la langue bretonne. Si différente de la musique du français. C’est aussi cette beauté singulière qui m’enchante. Cette beauté fragile qui risque de disparaître emportée dans la grande lessive qui ne laissera plus qu’une seule couleur grisâtre. Où nous parlerons tous globish, ce pauvre bâtard si éloigné de l’anglais de Bob Dylan ou de Roald Dahl.

À quoi bon passer des vacances dans les Pyrénées orientales si Saint-Michel de Cuxa et Saint-Martin du Canigou sont rasés pour devenir des parkings de supermarché ? Que serait Moissac sans son cloître ? Tu imagines la disparition de Fontevraud, la cathédrale de Chartres, Saint-Denis, les petites églises romanes du Poitou, Vézelay et Cluny ? On peut être incroyant et attaché à cette beauté léguée par nos ancêtres. 

Faire disparaître aujourd’hui le breton, le basque, l’occitan comme faire disparaître demain le français, c’est transformer la terre en surface goudronnée avec hangar métallique attenant. On trouve de tristes sires pour affirmer que le maintien en vie d'une langue serait « affaire privée » ou « intérêt particulier. »  

À ce compte Notre-Dame de Paris devrait être à la seule charge des derniers catholiques. Ou bien on la raserait pour y construire un immeuble de bureaux. Car on ne serait pas sot au point de la remplacer par des logements, certes nécessaires, mais moins rentables. Et dans la même ligne on refuserait de réimprimer Victor Hugo, vieillerie désuète, Quasimodo et Esmeralda n’étant pas plus rentables que Jean Valjean. Et moins immédiatement utiles que du papier toilette.

Écoute la musique du breton. Cette beauté qui nous enchante est aussi fragile qu'une fleur de coquelicot.

2 commentaires:

  1. Bien que ne comprenant pas un mot de breton, je ne partage pas ta crainte de voir le breton devenir une langue morte tant elle me semble vivaces dans le quotidien de ceux qui la parle, dans la toponymie, et surtout dans les traces qu'elle a laissé dans le français, au cours de l'histoire.

    belle participation que j’intègre avec un peu de retard au player

    bref, kenavo comme on dit par ici ;)

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    1. Si le breton est "en retard" dans la disparition par rapport à d'autres langues dont l'occitan, il n'en reste pas moins que son avenir est inquiétant. Le flamand, par exemple, a totalement disparu du nord de la France. Ce qui n'empêche pas le flamand d'être une langue vivante parlée chaque jour par 25 millions de locuteurs hors de France... Mais toutes les langues n'ont pas cette chance de survie ailleurs.

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