Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mercredi 28 octobre 2015

Lectures d'automne

Photo : Robert Doisneau, Le baiser de l'hôtel de ville, remake. 

Mais quel président ! Dieu du ciel, quel petit personnage ! Je vous invite à lire l’entretien que François Hollande a donné au Chasseur français de novembre. […] Le fond de l’affaire est tragicomique. Notre président est là en campagne électorale, et adresse tous les mamours du monde au million de chasseurs français, dont la plupart enverront bouler, quoi qu’il arrive, les candidats de notre maître provisoire. Or donc, on apprend de la bouche élyséenne que les chasseurs aiment et protègent la nature et que les zadistes ont fait de la France un « terrain d’exercice de groupes venus de loin et qui contestent l’idée même de progrès ». Tout est rose, dans le propos présidentiel, aussi rose que la peau des cochons industriels farcis d’antibiotiques. 

Fabrice Nicolino étrille le petitissime Président qui n’a pas encore compris que la France n’était pas le Conseil général de Corrèze. Si tu as envie de sombrer dans le néant : Fabrice publie aussi l’entretien complet de Hollande paru dans le Chasseur. 

La famille de Raymond - qui compte trois enfants -, survit avec le maigre chômage du chef de famille. Ce drame injuste dû au pollueur local dure pendant une quinzaine d’années. La maladie professionnelle du chef de famille est un tabou soigneusement occulté. En effet, un taux d’invalidité est attribué au malade par la Sécurité sociale… oui, mais ce fut le taux ZERO.

Raymond continue à souffrir - durant des années -, de taux de plomb dans le sang gravitant autour des 200 µg/l, après son licenciement. Chaque expert sait que ce taux est « préoccupant ». Surtout de manière aussi chronique. Et chacun peut comprendre qu’il s’agit à présent du plomb dans l’environnement. Marie-Paule, l’épouse, présente elle-même des taux inquiétants et chroniques, autour des 170 µg/l...

C’est une habitante de Bourg-Fidèle qui narre le désastre écologique, social et humain d’un petit coin des Ardennes. Les rejets de plomb, cadmium, strontium et autres métaux lourds. Les salariés de l’usine licenciés quand ils sont malades. Les habitants et les animaux malades qui meurent. Les très saintes administrations qui ne veulent ni voir ni savoir. Accroche-toi, c’est une lecture d’épouvante.

Chez les Manouches, les familles se réunissent durant trois longues journées et trois longues nuits de veille, s’ils le peuvent autour de feux de camp, sans musique, sans véritables repas, sans repos. Pour ceux qui voyagent encore, bien souvent la caravane du défunt est détruite, ses photographies et ses effets personnels sont ou détruits ou taboués, ils acquièrent un statut spécial, pouvant être conservés en souvenir, mais non vendus ni donnés. Le nom du disparu, désormais, dans la famille proche, ne sera plus prononcé, ou bien à la rigueur dans certaines circonstances exceptionnelles et à voix basse. Ceux qui porteraient le même nom, dans l’entourage, sont rebaptisés.

Sur les manifestations de colère de Manouches on avait lu quantité de bêtises. (Tu vois que je parviens parfois à rester poli comme ma maman me l’a appris.) Alors on est content de trouver des gens compétents, qui prennent le temps d’expliquer la pensée et les usages particuliers d’une population, et qui nous disent aussi que les Manouches sont... des êtres humains. Le droit de pleurer ses morts.

Scolarisation des enfants, formation professionnelle des adultes, autant de choses inacceptables dans une commune du RhôneFaudrait pas qu'un ensemble de bâtiments inoccupés devienne un village d’insertion pour des Rroms, frères de misère de nos Manouches. 

Puisqu’on n’en veut pas chez nous, que fait-on des Manouches, des Rroms, des réfugiés, des fous, des clochards, des chômeurs, des basanés, des pauvres, des vieux, des jeunes, des alcooliques et des drogués ? Tuons-les tous, ça ira plus vite !
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Le ciel est par dessus le toit, un poème, écrit par Paul Verlaine lors d’un séjour en prison, mis en musique par Louis Arti. Paul Verlaine, « le prince des poètes » qui fait la fierté de la nation, qu'on enseigne dans nos écoles, était aussi un clochard parfois violent qui ne se lavait pas souvent. Il est mort à 51 ans, rongé par l’alcool. On n'en veut pas chez nous ! 

6 commentaires:

  1. A lire pour les connaître mieux : "Tziganes" de Jan Yoors - Editions Libretto

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    1. On trouve aussi sur le blogue de Taban quelques excellents conseils de lecture au hasard de ses billets sur les Manouches. Bonne semaine !

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  2. Ah tiens, je vous ai répondu sous l'arbre avant de venir ici. Je parle des chasseurs, cette engeance! Et oui, votre manière est radicale mais pas plus que le ploutocrate (me souviens plus de son nom) qui souhaierait rétrécir la population mondiale à 500 000 habitants (lui inclus oeuf corse). Je finis par me demander si tous ces gavés de fric ne sont pas au départ des cinglés qui ont trouvé le seul moyen d'échapper à l'asile : la finance!

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    1. "des cinglés qui ont trouvé le seul moyen d'échapper à l'asile : la finance !"
      Magnifique formule ! ;o) Je crois bien que je la replacerai.

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  3. Les profils d'abord avec le soutien de l'Etat et tant pis pour les Hommes et l'environnement...
    Hollande chasse les voix, mais il a du plomb dans l'aile..

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    1. Il a le cul tellement lourd que Sarkofrance parie que Sarkozy sera élu. Bon, je ne crois pas à un deuxième mandat Sarkozy — président ô combien détesté — mais c'est dire qu'on ne risquerait pas un bouton de chemise sur le Président sortant, le pire tocard au départ...

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